Atelier théâtre à Druelle, Maison d’Arrêt de Rodez

Préambule : Parce que la culture est d’abord le sentiment qu’on a quelque chose de personnel à exprimer, elle peut être un levier personnel fort, favorisant un lien social avec l’extérieur.

« Les aspects créatifs, inventifs, relationnels que développe l’approche artistique, sont des fondamentaux dans un processus réparateur ; Et la construction d’un nouveau schéma de relation humaine et sociale a des chances de débuter… Le théâtre, le chant, sont des arts de la parole, du geste et du corps. La justice punit le geste et le corps (puisqu’elle l’enferme) c’est en se concentrant sur une mobilisation des forces du gestes et une traduction de ces forces en actes positifs, constructifs, sensés, que la rencontre [artistique] peut s’avérer être l’impulsion qui mettra en route le processus réparateur. »
(Valérie Lebrun, Directrice de la prison de Namur)

Objectifs : Aller à la rencontre du sentiment de dévalorisation et de révolte souvent contenu chez les personnes incarcérées.

Offrir un moment pour s’accorder à soi-même une chance d’être pleinement reconnu en tant que personne.

Que cette forme artistique, qu’est le théâtre, puisse être vécue comme une expérience de possibilités, d’ouvertures nouvelles, une chance de quelque chose, comme celle d’être accepté par les autres ; Trouver sa place, en laisser à l’autre, favoriser la coopération et la solidarité.

Permettre de traverser une expérience valorisante à partir de laquelle les participants pourront puiser des éléments d’appui pour leur futur, en reprenant confiance dans son corps et dans sa parole. Qu’ils se surprennent et se découvrent ailleurs, là où ils ne s’attendaient pas.

Projet en partenariat avec le SPIP de Rodez et en particulier avec Manon Reiniche coordinatrice socio-culturelle.

Séance hebdomadaire du 1er janvier au 31 décembre 2019, dont 4 séances « parentalité « comment raconter une histoire à son enfant ? » en partenariat avec la psychologue rattachée au SPIP.

---------------------------

Les publics sous main de justice, qu’ils soient mineurs ou majeurs, doivent pouvoir bénéficier, dans le cadre de leur parcours individualisé, d’actions artistiques et culturelles. Bien loin l’idée de proposer une « culture au rabais », il s’agit de rapprocher ces publics des dispositifs culturels de droit commun en s’attachant à développer des actions de qualité et de diversité équivalentes à celles qui sont menées avec l’ensemble de la population. L’art et la culture donnent l’occasion aux publics sous main de justice de partager et de s’approprier des valeurs communes culturelles, sociales et sociétales, valeurs constitutives du principe de citoyenneté. Ces actions permettent à ces publics de découvrir qu’ils sont capables de se construire ou de se reconstruire. C’est souvent une véritable stratégie du détour qu’il faut opérer pour favoriser la réussite de ces publics afin qu’ils reprennent confiance en eux. Les actions artistiques et culturelles permettent à ces publics de faire évoluer le regard qu’ils portent sur eux-mêmes et sur le monde qui les entoure. Elles créent une dynamique de groupe, propice à l’échange et à la socialisation. Elles conduisent ces publics à se remobiliser autour d’un projet partagé et favorisent l’enrichissement de leur personnalité. Il s’agit aussi de susciter du désir, de donner du sens à la peine par un moment de retour sur soi et d’analyse de son parcours en élaborant un nouveau champ des possibles. Par leur dynamique citoyenne, elles concourent à la prévention de la délinquance en développant une pédagogie de la réussite, de la valorisation et de l’estime de soi. Elles mobilisent les publics autour d’une démarche de projet structurée, ouverte sur eux-mêmes et sur les autres. Proposer des actions artistiques et culturelles aux publics sous main de justice relève de la responsabilité collective de l’ensemble de la société. Il s’agit de donner à ces publics les conditions qui leur permettent d’engager un processus de changement. Afin qu’un retour positif soit possible au sein de la société, il s’agit de faire évoluer le regard de part et d’autre. Les actions culturelles et artistiques, qui participent pleinement au développement des liens entre le « dedans » et le « dehors », sont à même de largement y contribuer.

Patrick Facchinetti

Délégué général de Résonance Culture

2017